Elle, c’est moi.

J’ai 34 ans, et je commence à peine à me connaître. Quand on y pense, ça ne fait pas de sens, non?

Ça fait déjà plusieurs années que je “travaille” sur moi. Mes amis les plus proches m’ont vu tranquillement me transformer pour devenir celle que je suis aujourd’hui. Je ne te cacherai pas que ça été un long processus. Se confronter à soi-même pour laisser jaillir la lumière qui se cachait au fond de soi depuis autant d’années c’est très difficile, crois-moi. D’autant plus qu’on sait très bien toi et moi que c’est le projet d’une vie entière.

Au début de l’année j’ai choisi mon mot phare, c’est-à-dire, celui qui devait me guider au fil des mois. J’avais choisi le mot paix. J’ai découvert que pour trouver la paix intérieur, il fallait passer par une période de chaos (je serai plus vigilante l’an prochain lorsque viendra le temps de choisir ce fameux mot). J’ai donc visité mes zones les plus sombres tout au long de l’année, pour en arriver à une version de moi beaucoup plus assumée. Ma belle amie Katy appelle désormais cette période de ma vie “l’émancipation d’Audrey”, et je dois vous dire que c’est exactement ça.

Le problème, c’est que ça dérange…

Déjà que de se confronter à soi, à ses démons, à ses peurs et à ses doutes, c’est difficile, je me suis rendue compte que quand toi tu te transforme, ça dérange aussi les autres.

Et j’ai un gros problème avec ça.

Ne te méprends pas. J’apprends à vivre avec le regard des autres (tsé, quand ta job se passe en grande partie sur les réseaux sociaux, tu comprends vite que tout le monde aura son opinion sur toi!). Je te mentirais si je te disais que je n’ai jamais peur du regard qu’on pose sur moi et que certaines paroles dites à mon sujet ne m’ont pas blessées. Je suis un être H-U-M-A-I-N. Il m’est impossible de n’accorder aucune importance à ce qu’on dit de moi. Du moins, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui y est arrivé.

Je ne comprendrai jamais.

Récemment, j’ai compris que comme femme (c’est peut-être aussi le cas des hommes, mais je n’en suis pas un alors je me contenterai de parler pour moi), on se fait imposer une tonne de modèles auxquels on devrait se conformer. Le problème, c’est que peu importe ce que tu deviens, ce n’est jamais assez. Tout le monde a son mot à dire, son avis à partager.

J’ai passé une grande partie de ma vie à ne pas reconnaître ma valeur. À ne pas assumer ce que je souhaitais faire de ma vie. À me trouver trop grosse, trop laide, trop conne, pas assez intelligente, pas assez drôle, pertinente, et j’en passe. Honnêtement, la liste pourrait être interminable si je m’y mettais.

J’ai travaillé sur mon amour de moi pendant plusieurs années. Assumer mon rôle de coach pour entrepreneures m’a pris plus de 3 ans. Oser m’affirmer et être moi-même a dû me prendre les 34 dernières années de ma vie.

Elle se prend pour qui, elle?

Je suis moi, tout simplement. Je n’ai jamais été autant moi-même de toute ma criss de vie. Et crois-moi, je ne ressens AUCUN malaise à me célébrer et à être fière du travail accompli.

J’aimerais qu’on m’explique ce double discours, parce que je ne le comprendrai jamais. D’un côté, on prône l’émancipation de la femme. De se sentir belle et confiante. De s’assumer, de faire des choix pour soi et de mener une vie à la hauteur de nos rêves.

Et pourtant, dès qu’on voit une femme faire exactement ce que je viens de décrire, on la pointe du doigt, on la juge et on se permet de critiquer absolument tout ce qu’elle fait.

Je sais que je ne suis pas la seule à faire ce triste constat. Je nous souhaite à toutes de se choisir, jour après jour, malgré la peur, les doutes et le jugement des autres. J’ai finalement compris au fil du temps que si je suis ce qu’on attend de moi, je suis juste malheureuse. Alors pourquoi vivre une vie qui ne me ressemble pas? Pourquoi être une autre personne que MOI?

Je crois sincèrement que si toutes ensemble, on se met à célébrer les femmes qui osent au lieu de les juger, qu’on pourra changer le monde. Qu’on pourra permettre à des centaines de femmes de réaliser leurs rêves et ouvrir la voie pour les prochaines générations (oui, je vois toujours BEN GRAND!).

Je suis moi. Tout le temps. J’ai une tonne de défauts et des qualités extraordinaires. Mon coeur déborde d’amour pour l’être humain et je souhaite qu’il déborde aussi d’amour pour moi. 

Je suis belle, intelligente, forte, et j’ose prendre ma place. Pas la tienne, pas celle d’une autre, juste la mienne. Et je te souhaite la même chose ma belle queen. 

Avec tout mon amour,

Audrey